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268 LE DERNIER DES VILLEROY
l'Orangerie et conduit au château de Villeroy d'où on le
pria de ne pas revenir.
Aucune révolution n'eut lieu à ce sujet. La France ne se
souleva pas, le royal élève ne dit mot et le vieux maréchal
put penser que tout était fini pour lui.
Fini ? Eh bien ! non ! pas tout à fait. A la majorité du
roi, le vieux duc obtint de reparaître à la Cour. Il y revint,
mais dégoûté de la politique, uniquement préoccupé des
modes nouvelles, offensé du goût du jour et cherchant,
mais en vain, à imposer son ton et ses idées aux jeunes et
fastueux courtisans. C'est dans ces ennuis cruels qu'il
s'éteignit à Paris, le 18 juillet 1730, à l'âge de 86 ans,
laissant à la postérité la réputation la plus déplorable,
comme homme, comme gouverneur et comme soldat.
Ce fut lui surtout qui, par tous les moyens possibles,
déconsidéra si fort le nom des Villeroy, mais aux yeux de
la postérité seulement ; quant aux concitoyens, leur enthou-
siasme resta entier.
Si les flatteries les plus inouïes l'accompagnèrent au
tombeau ; si Lyon s'humilia jusqu'Ã la honte, c'est qu'on
ne rougissait plus de rien et que le siècle entier était tombé
à un degré d'avilissement tel que l'histoire en rappelle peu
de pareils.
« ... Depuis plus d'un siècle, dit Brossette à Villeroy,
dans la préface de l'Histoire de notre ville qu'il lui dédie,
la ville de Lion jouit d'une félicité constante sous l'autorité
de votre illustre Maison.
« Que de bienfaits répandus sur cette heureuse ville et
sur les provinces qui en dépendent ! Nos temples, nos
monastères, nos collèges, nos hôpitaux, les monuments
publics et particuliers, tout porte les témoignages de la