page suivante »
ET SA FAMILLE 207 en favorisant les dames religieuses de Saint-Charles, vouées par leur institut à l'enseignement des petites filles de nos vaillants ouvriers. Ce fut son dévouement incessant pour la classe ouvrière qui abrégea sa vie. A la fin du mois de mai 1693, au mo- ment où une disette cruelle se faisait sentir, le peuple apprit que le Consulat inquiet avait fait venir une grande quan- tité de grains du Midi, que le Prévôt des marchands comp- tait faire vendre à perte pour les finances de la ville. Trompé par de faux bruits, le peuple, si souvent victime, crut que l'Administration voulait spéculer sur sa misère, et il se porta, en armes, à la demeure des échevins, qui furent menacés, puis se rua vers la place du Gouvernement, où logeait le vieil archevêque. Aux cris de la foule qui demandait à le voir, Camille de Villeroy, miné par la fièvre et affaibli par l'âge, se hâta de se lever et courut au milieu de ces pauvres gens, aux- quels il expliqua les intentions bienfaisantes de la munici- palité. A sa vue, à sa voix, l'émeute se calma subitement. Camille assura aux égarés que leur terreur n'était pas fon- dée ; il déclara qu'il allait veiller à l'emploi des grains et, en même temps, écrire au roi pour en obtenir des secours. La foule apaisée, Camille écrivit à Paris, donna des ordres à Lyon et partit pour Neuville où les médecins, peu rassu- rés sur son état, lui ordonnaient impérieusement d'aller prendre du repos. Malheureusement, à peine arrivé à Om- breval, Camille apprit que le peuple s'était cru abandonné et trahi par son absence, qu'il avait repris les armes et s'était soulevé de nouveau. fontaines, où on menait boire le bétail aussitôt la bénédiction faite, souvenir druidique conservé jusqu'alors dans le Lyonnais.