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202 LE DERNIER DES VILLEROY Le roi daigna s'amuser comme à Fontainebleau ou à Vincennes et, le soir, l'archevêque servit à son hôte royal une collation digne du souverain, digne de la Cour et digne du gouverneur fastueux de la province. Louis savait déjà faire son métier de roi ; il connais- sait l'art profond de séduire et de récompenser avec un mot, un regard, un sourire, honneurs enviés de tous. Il paraissait ravi et complimenta gracieusement son hôte. La Cour imita le souverain et Camille, ce jour-là , fut adulé plus que prélat du royaume. Quand la Cour quitta Vimy, quand le carrosse du roi eut disparu à l'horizon avec les dames et les seigneurs qui raccompagnaient, la France entière proclama l'arche- vêque de Lyon largement payé de son zèle et on félicita le Roi qui savait aussi grandement honorer ceux qui le servaient (18). (18) Un souvenir plus sombre se rattache à notre château de Vimy. C'est à Ombreval que, seize ans auparavant, Cinq-Mars avait été aban- donné et sacrifié par celui qui aurait dû tout faire au monde pour le sauver. Voilà ce qu'en disent les historiens du temps : « M. de Cinq-Mars entra à Lyon le 4 septembre 1642, non dans le bateau à la suite du cardinal qui amenoit M. de Thou, mais dans un carosse traîné par quatre chevaux. Il avoit auprès de lui quatre gardes du corps, mousquet au bras. Cent hommes des gardes à pied de M. le cardinal-duc entouroient le carosse, que précédoient deux cents cava- liers catalans. Il étoit suivi de trois cents autres bien montés et bien armés. M. le Grand étoit vêtu d'un pourpoint de drap de Hollande, couleur de musc, tout brillant de dentelles d'or, avec un manteau d'écarlate à queue et à gros boutons d'argent. Ses cheveux flottoient à longues boucles sur ses épaules. « Il traversa la ville au milieu de la foule et fut conduit ainsi jus-