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134           DIVAGATIONS ET MENUS PROPOS

        O sublime Rhapsode, à tes accords nouveaux,
        D'un poème idéal, retentissants échos,
        Eperdus et surpris ils prêtaient tous l'oreille ;
        Trop petits pour atteindre au haut de tes sommets;
        Pour percer à travers ces sonores reflets,
        Le voile qui défend leur dernière merveille.

                                      (Henri DE CHAPONAY).


   A partir de là, comme à la troisième symphonie, le
compositeur abandonne la grandeur calme et sereine
d'Haydn, la passion si profonde et si épurée de Mozart,
les modes issus de la science illuminée des rayons de la
vérité, pour aller à la recherche d'un inconnu. Parfois, il
éblouit de lueurs inattendues et ses accents dépassent les
limites de l'intelligence humaine. Parfois, son regard s'obs-
curcit; un brouillard lui défend l'accès du grand œuvre, il
se coupe, il s'interrompt et ses derniers chants deviennent
un problème dont on cherche en vain la clef.
   Ces derniers quatuors ont été souvent étudiés, joués et
écoutés avec conscience et recueillement. Quelques-uns les
trouvent clairs et ont la prétention de les avoir tous com-
pris ; je ne les contredirai pas. D'autres, et parmi ceux-ci,
je pourrais citer un musicien de premier ordre, avouent
qu'ils n'ont pas encore pénétré le sens intime de ces drames
sans paroles, non pas le sens et la valeur de chaque phrase
isolée, mais l'enchaînement de ces phrases et leur conver-
gence vers une idée dominante.
   Le onzième quatuor est une transition entre les débuts
classiques et réguliers de Beethoven et l'étrangeté des sui-
vants : après une surprise momentanée causée par son
exorde ex abrupto, cri d'angoisse et de désespoir si l'on
veut, on suit, en haletant, il est vrai, mais sans en perdre
le fil, tout le discours. Une colère concentrée succède Ã