Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
92              L'AMPHITHÉÂTRE DE LUGDUNUM

exacte, comment se fait-il que l'Église de Lyon n'ait con-
sacré par aucune fondation pieuse, dans ce quartier, le
souvenir de la mort de ses glorieux fondateurs?
   On a répété souvent, il est vrai, que ce souvenir se
retrouve sur la place actuelle des Minimes, appelée autre-
fois la Croix de Colle, c'est-à-dire, la Croix des Décollés
(Crux decollatorum). Mais la science philologique, d'accord
en cela avec nos vieux historiens et les plus anciens docu-
ments inédits du Moyen-Age, repousse une pareille étymo-
logie (41); jamais la Croix de la colline (Crux de Colle),
ne fut la Croix des Décollés.
   A cette première raison s'ajoute une considération juri-
dique, qui semble avoir échappé à tous nos historiens lyon-
nais. Un fait historique, se rattachant essentiellement à la
juridiction criminelle, ne saurait s'interpréter sans tenir
aucun compte des règles du droit et des institutions en
vigueur au moment où il s'est passé. Or, les martyrs lyon-
nais, qui ont eu la tète tranchée, n'ont pu mourir ni au Puy
d'Ainay, ni sur la place de la Croix de Colle, parce que,
d'après la loi romaine, l'exécution des condamnés à mort
ne pouvait avoir lieu que hors des murs de la ville et dans
un lieu inhabité.
   Si, par la force même des choses, il en était autrement
pour ceux qui étaient condamnés aux bêtes de l'amphi-'
théâtre, c'est que ce genre de mort était considéré moins
comme un supplice, que comme un spectacle et un jeu, —
htdus venatorius, disent les plus graves jurisconsultes (42),


  (41) Colonia. Histoire littéraire de Lyon, I, 110 : « Elle est nommée
dans de vieux titres Crux de Colle, parce qu'elle est placée sur le haut
de la colline. »
  (42) V. Ulpien, 1. 8, § 11 et 12, Depœnis. D. 48, 19.