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424 LA PESTE A SAIKT-GENEST-MALIFAUX avoit eu la peste l'autrefois, il y a quarante et tant d'années, en guérit encore cette fois ici par son bon régime ou plustôt par la grâce de Dieu qui la préserva, pour aider aux pau- vres malades, car elle leur fit beaucoup de biens, en conso- lations, en remèdes et en aumosnes; elle n'a jamais été mariée et avoit gardé vingt-cinq ans une maladie de matrice qu'elle a perdu quelques temps après cette peste. De Bérardier, veuve à feu à Me de Momanieu, me écri- vain et l'un des meilleurs de France, son mari étant mort, un peu devant la peste, en ce lieu où il s'etoit retiré de Saint-Chamond, avec tout plein d'enfans de bonne maison, de crainte de ladite peste, ne sut où se retirer, personne ne la voulant retirer, à cause que la peste la surprit ici, se cantonna à la Grand-Maison où elle demeura durant le cours de la maladie, et comme elle etoit pourvue de tout plein de choses pour les malades, elle en élargit beaucoup aux voisins, aussi Dieu la préserva et ses enfans et une sienne nièce ; seulement il lui mourut une petite-fille du tac qui fut mise dehors promtement. Antoinette Courbon, femme à Jean Tamet de la Gerbo- dière, quoique des dernières en ce papier, est des pre- mières en charité, entre toutes celles que j'ay veues en ce pays. C'est un patron de la femme forte que Salomon décrit en ses proverbes; il seroit trop long de décrire les aumosnes qu'elle faisoit aux pauvres, il suffit de dire qu'elle les aimoit cordialement, et imaginez-vous de là toutes sortes de bonnes œuvres, les loger, les consoler, les instruire et boire quelquefois avec eux, et j'ay vu des ma- lades fort hideux, les environs devant la peste, lesquels visitant elle les baisoit, et je crois que s'il lui eut été permis, elle se fut exposée pour servir durant la peste. Aussi Dieu la favorisa d'une espèce de martyre, ayant pris le mal de