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                    LE COMPLOT D'ALAGON                     3O7

la maison d'Aragon, sans qu'il soit possible de voir là autre
chose qu'un de ces calembours par à peu près qu'affection-
nait tant son époque. D'après lui, il tirait son nom du
village d'Alagon, ou Alagonia, situé au pied des Pyrénées,
dans le pays qu'il revendiquait comme le fief de ses aïeux.
    De fait, sa famille, aux xn e et xm e siècles, tenait rang
parmi les plus anciennes; Blanca, dans son Cartulaire de
l'état d'Aragon, cite ses ancêtres parmi les neuf premiers
 barons du pays. Leurs armoiries étaient d'argent, à six
tourteaux de sable, posés en pal, 3 et-3.
   Plus tard, quand les rois d'Aragon s'emparèrent du
royaume de Naples, Blasco d'Alagon les y suivit, et il ne
s'en repentit pas, si l'on en juge par le nombre de seigneu-
ries qu'il laissa à ses descendants. Les comtés de Policastro,
d'Agnate et de Concare, vinrent successivement arrondir
leur fortune et quand, vers 1443, Arteluche d'Alagon,
suivant le roi René en Provence, dut quitter à jamais ses
belles terres du royaume de Naples, il s'en plaignit à son
suzerain. Le roi René, qui appréciait à la fois le sacrifice et
l'attachement d'Arteluche, lui donna en échange la sei-
gneurie deMeyrargues (février 1443).
   Mais Arteluche, dont l'esprit ne quittait pas ses vastes
domaines de la Pouille, répétait volontiers « qu'on lui
avoit donné un galinaro (poulailler) en échange de 30,000
ducats. » Meyrargues en effet n'était pas grand'chose ; cette
ancienne seigneurie de Raymond des Baux, duc d'Andrie,
était un petit hameau de la viguerie d'Aix, à près de deux
journées de marche de cette ville, où se tenait la Cour,
avec quelques terres près de la Durance, souvent dévas-
tatrice, et sur les flancs brûlés des collines de la Trévaresse.
Vers 1650, ce hameau ne comptait qu'un feu 3/4 comme
imposition ou affouagement. Malgré leur peu d'importance