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LA PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX 285 Le TRIOMPHE DES BERGERS emprunte son sujet à un de ces mystères, chers à nos dévots aïeux, que le Moyen-Age ne cessa de produire et de goûter; entre tous celui-ci, la Naissance de Jésus à Bethléem, fut le plus fréquemment mis sur la scène. La matière convenait à une plume sacer- dotale et nous entendrons plus d'un acteur, oubliant son rôle et les planches, parler comme dans la chaire et débiter un sermon rimé. L'histoire évangélique est absolument respectée : l'imagi- nation ne s'est pas mise en frais d'invention. On ne trouvera aucune de ces licences que prenaient avec le texte biblique des écrivains comptant sur leurs bonnes intentions pour se faire pardonner. Nous serions plus scrupuleux aujourd'hui ou peut-être moins naïfs; ce n'est plus impunément qu'on introduirait des passions humaines au milieu d'événements d'où elles étaient absentes et qu'on accorderait à l'amour, la passion maîtresse du théâtre, un rôle qui ne peut lui appartenir. Avant d'analyser la pièce et pour mieux en comprendre l'exposé, il ne sera pas superflu de connaître l'intention qui l'inspira. Le culte de l'art ou la piété n'ont pas seuls dicté ces vers; ils sont nés d'une pensée patriotique, sincère et compatissante. La préface nous aide à le deviner. En 1645 la misère, qui accablait les pauvres paysans, était intolé- Le Triomphe des bergers est inscrit cependant dans le catalogue dé la Bibliothèque dramatique de M. de Soléinne, rédigé par le bibliophile Jacob. (Paris 1843), sous le n° 1219, 1.1. Dernièrement enfin j'ai appris par M. le Bibliothécaire-Archiviste du Théâtre-Français que dans une vente publique de l'hiver dernier, un exemplaire, peut-être celui dé Soléinne, avait été adjugé à 61 francs ; nous ignorons à quel heureux amateur. , \