Revue du Lyonnais » série 5 - n°2 ( 1886 ) » pp.449

              LE POKT-SAINT-LOUIS DU RHONE                449

de superficie (deux fois la surface totale de notre place de
Bellecour).
   De ce bassin, part en ligne droite, pour gagner l'excel-
lente rade du golfe de Fos, le canal de 3,300 mètres de
longueur, de 63 mètres de largeur au plan d'eau de basse
mer et de 6 mètres de tirant d'eau ; c'est la section même
du canal de Suez.
   L'entrée du Canal, du côté du golfe, est protégée par
une longue jetée qui s'avance de 1,600 mètres en mer et
couvre un avant-port de 120 hectares.
   L'ensemble de ces ouvrages a coûté 25 millions.
   L'accès de ce port est plus facile aux voiliers et plus sûr
que celui de Marseille. Depuis seize ans, malgré les pro-
phéties les plus malveillantes de détracteurs intéressés,
l'envasement et les obstructions n'ont pas fait de progrès
qui dépassent les conditions absolument normales de l'en-
tretien imposé à tous ces ouvrages; et, dans l'avenir, on
pourra les diminuer encore, si, au lieu de laisser toutes les
eaux du fleuve se déverser à portée du golfe de Fos, par la
bouche unique de l'Est, on se décide à rouvrir les gratis de
l'Ouest fermés en 1852, et à rejeter les eaux et leurs ap-
ports dans cette direction plus rationnelle.

   L'entreprise avait été menée parallèlement à celle de
Suez, et terminée en même temps, sur les mêmes données
et à la même section transversale. Par là, Lyon pouvait
compter tendre la main à Marseille, et les deux villes
devaient, dans une puissante étreinte, embrasser et domi-
ner le marché de la Méditerranée. Mieux placés que tous
autres pour profiter de l'œuvre française de Suez, nous
devions rêver de poursuivre ensemble une plus grande en-
treprise : ravir au marché anglais au moins la part qui