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                      ANNOTE PAR RABELAIS                        419

se sert de signes connus de lui seul. Le grec est plus calme
et mieux posé. Les annotations, dans cette langue, ne
dépassent pas une vingtaine. Ce sont, la plupart du temps,
des mots détachés, des ternies de médecine ; le latin est
employé pour des phrases. De nombreuses lignes du texte
imprimé sont rapidement soulignées, au cours de la lecture,
comme ayant mérité son attention. Parfois, le caprice l'en-
traîne; il lit : Calculons balneum (3) et il écrit en marge :
balneum calculosis, comme étant, sans doute, plus euphoni-
que et plus digne de son oreille de prosateur fin, sensible
et délicat.
  Parfois, il répète la phrase ou le mot qui a frappé son
imagination, soit pour témoigner de l'étonnement, soit
pour graver le sens dans son esprit.
   « Quibus affectio incst, lit-il, quant propriè Nephritin nomi-
natif... » Il s'arrête, réfléchit et écrit en grec, dans la
marge : Nephritin, comme s'il voulait rappeler une étymo-
logie : Nephros, rein; et comme la finale ite indique une
inflammation, la néphrite lui rappelle aussitôt une inflam-
mation rénale.
   Il lit : « Secundum rectitudinem fiunt laterum dolor, prae~
cordiorum distensiones, lienis tumores, sanguinis ex naribus
eruptiones et quae juxta aures plaerutnque eliam talia sunt,
quae in oculos procumbunl. » et il écrit en marge : « Kal
eutuôrian. »
   Il continue ainsi ses annotations jusqu'à l'index final et,
si nous n'en exagérons point l'importance, qu'il nous soit
permis, du moins, de proclamer combien il est émouvant,
touchant, de se représenter le médecin de l'Hôtel-Dieu du


  (3) Il faut des bains pour les gens atteints de la pierre; ou, plus
brièvement : bains aux calçuleux.