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ÉVÊQUE DE LYON 379 face d'une oeuvre pleine, sans doute, de sagesse et de piété, mais dénuée de toute valeur littéraire, bien que le Moyen- Age l'ait constamment attribuée « à saint Eucher évêque de Lyon. » Je veux parler d'un récit du martyre de saint Maurice et des soldats de la légion thébaine, égorgés à l'entrée du Valais, près d'Agaune, par l'ordre de l'empereur Maximien. Cette relation ne saurait, assurent les meilleurs juges, provenir de la même source que le livre sur les Attraits de la solitude, De laudibus eremi, et l'Exhortation à VaUrien sur le mépris du monde. Ainsi, un savant professeur de l'Université allemande de Fribourg, le docteur J. Alzog, auteur estimé d'une histoire de l'Église catholique, n'hésite point à dire dans son Manuel de patrologie : « On allègue des raisons décisives contre l'authenticité de l'histoire de la passion de saint Maurice et de ses compagnons ( i ) . » Ce jugement serait exact si, comme le pense le docteur Alzog, notre ville ne pouvait inscrire qu'un seul Eucher au catalogue de ses pontifes. Mieux instruit que le professeur allemand, le P . Théoph. Raynaud va nous donner le mot de l'énigme. L'histoire de saint Maurice, dit-il, « porte sur son titre même le nom d'Eucher, évêque de Lyon. Divers passages du livre démontrent qu'en effet un évêque de Lyon a dû l'écrire, et cependant on n'y aperçoit pas le moindre vestige de l'élégance, des grâces qui distinguent le style d'Eucher l'ancien; elle ne peut appartenir qu'à Eu- cher II (2). » On n'aurait pas cherché l'auteur de ce récit au Ve siècle, si l'on avait mieux connu l'âge où s'éveilla dans le Lyon- (1) Manuel de patrologie, p. 458. Traduit de l'allemand par l'abbé P. Belet. Paris, Gaume frères, 1867 (2) Hagiologium lugdunense, S. Eucheriusprior, p, 53.