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PEINTRE LYONNAIS 327 mais nous sommes persuadé que le résultat général aurait largement compensé ces petits sacrifices. Peut-être aussi que la Vierge est placée trop haut., et qu'elle est trop effacée... Elle manque par là même de l'importance qui lui était naturellement due. La Vierge consolatrice n'a pas ainsi la précieuse unité de la Pieta ( 8 ) ; mais elle a les mêmes qualités de grandeur et de dignité. En un mot, ce sont deux pages superbes, digne d'un artiste parvenu enfin au premier rang. Quelques-uns de nos peintres, dont la haute compétence est incontestable, tiennent dans la plus haute estime les peintures de la Trinité et croient qu'elles sont, la Pieta sur- tout, le capo iïopera de l'artiste. Évidemment ces deux pages sont les plus considérables de l'œuvre de Michel Dumas, mais nous n'en persistons pas moins à considérer le Christ en croix comme le véritable chef-d'œuvre de notre ami. L'élévation du style, la distinction qui rayonne, si l'on peut employer l'expression, sur le corps du Sauveur, en font une œuvre complètement hors de pair. Nous avons du reste pour nous, dans cette appréciation, le témoignage d'Ingres. Depuis l'exposition de ce Christ, qui avait si vivement (8) Notre très'éminent collaborateur nous permettra-t-il de différer légèrement d'avis avec lui sur ce point ? La Vierge consolatrice nous semble homogène, et surtout destinée, par son caractère encore plus historique que religieux, à faire la plus heureuse opposition à la Pieta placée au-dessus de l'autel. Le choix des places répond ainsi au carac- tère particulier de chaque œuvre. L'une représente une scène purement d'ordre divin, l'autre une scène humaine, et ce dernier caractère a permis au peintre, à notre avis, d'être plus personnel dans la Vierge consolatrice, quoique, ainsi que le dit M. Bonnassieux, l'exécution de la Pieta soit plus parfaitement souple. [Note de la Rédaction).