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256            LES PEINTURES DECORATIVES

entre ceux de ces artistes qui pensent plus qu'ils ne voient,
et ceux qui voient plus qu'ils ne pensent, et quelle folie
serait-ce de vouloir les opposer les uns aux autres !
   De même parmi les champions de l'idée, parmi ceux qui
répondent dans l'art à Ampère, à Ballanche et à Laprade,
la diversité s'établit. Hippolyte Flandrin, rêveur et tendre,
mais un peu timide, cantonné dans une seule expression,
est soutenu par une foi véritable dont il célèbre l'histoire
et les cérémonies en des compositions bien rythmées. Paul
Chenavard, pur païen, n'a rien trouvé de nouveau dans le
monde du sentiment, parce qu'il a tout et trop compris. Il
est resté, qu'on souffre la barbarie du terme, purement
intellectualiste. Il aurait pu faire quelque magistral livre
d'histoire ou de philosophie, aussi bien que ses cartons du
Panthéon, qui resteront un des monuments magnifiques
d'enseignement général et artistique, d'enseignement par
les yeux, qui aient été produits. Puvis de Chavannes parti-
cipe moralement de ses deux illustres devanciers. Est-il
païen? Est-il chrétien? Son art ne nous le dit pas. Sa
Vision antique et son Inspiration chrétienne nous montrent
seulement, que dans le miroir de son sentiment, les deux
âges se sont représentés clairement. Son imagination n'a
pas été bornée par une foi exclusive comme celle de Flan-
drin, elle a moins sondé le fond de tout que celle de
Chenavard, elle a pu ainsi se répandre avec plus de liberté
et d'abondance ; il chante, les autres racontent. C'est une
œuvre colossale et riche que celle qui comprend le Ludus
pro patriâ, Y Ave Picardia nutrix et les dix-sept compositions
 d'Amiens, la Sainte-Raàegonde de Poitiers, Marseille porte de
F Orient, le Doux pays, h Sainte-Geneviève, la grande synthèse
 artistique du Musée de Lyon, et enfin la décoration de la Sor-
 bonne qui retracera l'histoire des sciences et des lettres. Puvis