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228 L'EMPEREUR D'ARLES
triques, avec une persistance déplorable, produisait un cré-
pitement qu'un mauvais plaisant eût pu prendre pour un
chant de cigale destiné à contribuer à la couleur locale.
Mais auteur et acteurs avaient affaire à un public robuste
et convaincu. On sentait une cohésion particulière entre la
scène et l'auditoire, intimité résultant des conditions mêmes
où cette représentation avait lieu. La pièce était, d'ailleurs,
interprétée par des sujets de choix et la diction des artistes
servie par une acoustique vraiment merveilleuse. Chose
étonnante, pas une parole, pas un effet ne se perd dans cet
immense amphithéâtre à ciel ouvert.
M. Silvain, de la Comédie-Française, et MIle Caristie
Martel, de l'Odéon, ont magnifiquement tenu les rôles de
Maximien et de Minervine. Si l'ouvrage de M. Alexis Mou-
zin doit un jour aborder la scène à Paris, je lui souhaite d'y
retrouver ces deux interprètes émérites.
Pour lui, qu'il ne s'en tienne point à ce début; que,
soutenu par l'éclatante ovation dont il a été l'objet et fai-
sant son profit de bienveillantes critiques, il nous donne
bientôt une seconde œuvre de sa plume. En ce qui me
concerne, et si la représentation devait avoir le même-
cadre que la première, je me sens tout disposé à faire
encore cinquante lieues pour aller applaudir l'auteur au
théâtre romain d'Orange.
P.-A. BLETON.