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A UN LYONNAIS DE LYON 211. tionne, si je peux dire, des vieilleries neuves : mais qui peut savoir si ma collection n'aura point de valeur, plus ou moins, quand elles seront devenues vieilles ? Les propos de gueule eux-mêmes, tenez! m'offrent ici des applications et des recherches inattendues. Sans parler de la cuisine arabe, que j'ai approfondie, et dont je veux faire un chapitre en forme d'appendice à la Cuisinière poétique de Charles Monselet, nous avons notre propre cuisine, où je suis avec ardeur la genèse delà gastronomie. Comme noire race, elle est un peu cosmopolite ; et elle réalise, sinon l'ac- cord si longtemps cherché, au moins la paix ou la trêve, de la cuisine au beurre et de la cuisine à l'huile. Souvent, c'est de beurre rance et d'huile odorante : alors le combat est autre, entre le cœur et les lèvres. Ainsi que vous, monsieur, c'est sur le langage que je porte le plus amoureusement mes investigations : le lan- gage, qui est comme la fleur de la race, le vrai miroir de ses vertus et de ses penchants, l'expression la plus sensible et la plus exacte de ses moindres mutations. — Eh ! quoi, me direz-vous, de quelle langue se peut- il agir? Parlez-vous donc là -bas la langue moresque, ou bien si vous parlez bravement le français comme no'us? Non, nous ne parlons point la langue moresque, si ce n'est quand nous avons affaire aux mores : et encore! Il en est peu qui soient en état de le faire couramment : nous n'eûmes jamais, Français, la bosse des langues.Nous parlons, bien sûr, le français. Mais, encore un coup, distinguons! il y a une nuyance, comme dit le Guignol de la rue du Port- du-Temple, ou celui de la Galerie de l'Argue. Parle-t-on, je vous prie, le même français à Tours en Touraine qu'à Toulouse en Languedoc? J'entends le français même, et