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204           LETTRE D ' U N LYONNAIS D'ALGERIE .

 lisme qui met en branle les anciennes idées de franchises
 provinciales, de libertés communales, de coutumes locales,
 lesquelles tentent de se fondre et de se concilier dans le
 grand rêve fédéraliste des girondins.
    J'en attends tout au moins, pour ma part, qu'il nous
 délivre de cette usurpée tyrannie qui pèse sur la belle
 France au profit d'une seule commune, et, dans cette com-
 mune, au profit de quelques plaisants qui ne sont même
 pas des bourgeois de la ville, mais bien des étrangers ou
 des provinciaux comme nous. C'est ce que, de son temps,
le bon Nodier nommait déjà « l'exécrable esclavage de
 de Paris ».'
    Je le hais, leur Paris ! Oui, Monsieur. J'ai la vanité de
 mon provincialisme, et je le pousse si loin que je peux. Je
suis de mon département par rapport à la capitale de ma
province; je suis de mon canton, je tiens rigueur à mon
chef-lieu ; je suis de ma commune, et, dans ma commune,
je me fais, comme l'anglais, une citadelle de ma maison ;
et dans ma maison j'affectionne encore une place familière,
bien acagnardée : in angulo cum libello, c'est mon rêve.
N'allez point en prendre idée que je sois misanthrope. Je
suis seulement un particulariste entêté, ou un particulier
entêté, si vous voulez.
   Vienne donc notre émancipation ! nous nous sommes
émancipés de tant d'autres choses : celle-là ne sera pas plus
difficile. Voici déjà, comme vous le marquez, que la mode
est aux résurrections de patois. Ceci est au mieux, et j'y
applaudis, quoique sans pouvoir m'empêcher de faire
néanmoins quelqu'une de ces distinctions qui sont si bien
dans le goût de notre province, comme il convient à des
gens rassis qui mesurent tranquillement ce qui doit être
mesuré. Je n'aime point, d'aventure, la pompe de certaines