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                ET DU VIEUX PONT MORAND                   135

damnés, Morand demanda la faveur de les suivre, afin de
mourir le jour anniversaire de la mort de son roi.
   Etonnés d'abord de cette demande, à laquelle ils ne com-
prenaient absolument rien, et qui dérangeait leurs écritures
très sommaires, les bourreaux n'y virent qu'une victime de
plus, qu'ils s'empressèrent d'accepter.
   Ainsi périt Antoine Morand, à l'âge de 67 ans, d'une
manière encore plus triste que Perrache, qui n'avait pas vu
les horreurs de cet affreux temps.

   Pendant la Révolution le pont Morand a rempli de tristes
offices. Dans la nuit du 5 au 6 février 1793, Chalier,
l'homme de la convention et de la commune, plus puissant
que le maire de Lyon, Chalier avait convoqué les membres
du club central; il proposa la création d'un tribunal révo-
lutionnaire pour juger les suspects; dans cette séance il fut
décidé qu'on placerait la guillotine au milieu du pont Mo-
rand, et que par le Rhône on se débarasserait des sépul-
tures.
   Les sections réunies avaient déclaré qu'elles résisteraient
à l'oppression de la commune ; le 29 mai 93, sous la direc-
tion militaire de Fréminville, elles s'emparèrent de l'arse-
nal, et trois colonnes se dirigèrent sur l'Hôtel-de-Ville.
   Celle du quai du Rhône, commandée par Gingenne, fut
arrêtée par l'artillerie du pont Morand, qui tua le cheval
de Gingenne; dispersé un instant, le bataillon se reforma
bientôt et marcha résolument contre le canon.
   En même temps la colonne du quai de la Saône, sous la
conduite de Madinier, arriva au pas de charge par laFeuillée,
s'empara de la batterie des Terreaux, et assura le succès de
la journée.
   Le lendemain 30 mai, Madinier prit l'Hôtel-de-Ville, et