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ÉTYMOLOG1E DE LUGDUNUM I03
connaît ; je veux seulement compléter et rectifier ce que
j'ai essayé de dire précédemment (15) à ce sujet.
Le témoignage de Clitophon est péremptoire, il est le
fidèle écho de l'opinion admise chez les Celtes. Que l'on ait,
comme il arrive souvent, brodé une légende sur une déno-
mination de lieu, cela n'empêche pas que Lugudunum ait
signifié originairement Colline des corbeaux. Des monu-
ments figurés, médaillons de terre cuite et monnaies (16)
viennent, d'ailleurs, confirmer cette étymologie et lui
apporter des preuves telles, que bien peu d'autres noms
de ville pourraient en produire de semblables.
C'est même l'un de ces monuments, un médaillon, qui, le
premier, a éveillé l'attention et remis en honneur auprès
des archéologues, l'interprétation de l'antique historien grec.
(15) Revue du Lyonnais, mars 1886, pp. 164 et 165.
(16) A ces deux sortes de monuments M. de Witte(te. cit., p. 259,
pi. 34, fig. III) en ajoute un troisième, dont M. E. Récamier, l'émi-
nent collectionneur lyonnais, lui a donné communication. C'est un
plomb trouvé dans la Saône et sur lequel on remarque, de chaque côté,
une tête, l'une entre deux étoiles, l'autre sommée d'un croissant, en bas
un lion couché et, en haut, un oiseau dont on a fait un corbeau. Il
suffira de mettre sous les yeux du lecteur le fac-similé du
3 ? J > P dessin publié par la Gazette archéologique, pour reconnaître
v^> que cet oiseau est, non pas un corbeau, mais une
colombe portant au bec le rameau symbolique. Je n'ai pas vu
l'original et ne puis dire s'il ne porte pas les caractères de nos
plombs antiques de douane; mais, à coup sûr, les figures dont il est
chargé n'ont aucun rapport avec Clitophon et la légende lyonnaise.
Nous avons là un talisman de l'époque chrétienne, se rattachant à la
secte des gnostiques si répandue à Lyon au 111e siècle, et dont la Saône
nous a conservé d'autres monuments du même genre, non moins carac-
téristiques et non moins curieux.