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70 BIBLIOGRAPHIE plumes pieuses à recevoir sans contrôle des documents un peu hypothétiques, comme aussi à user de réticences. Notre auteur n'a aucune de ces hésitations et présente les faits tels qu'ils ressortent de ses consciencieuses recherches. Mais si la célébration du premier jubilé n'a pas laissé de preuves écrites, les documents abondent à partir du second, et c'est plaisir de suivre l'auteur dans le tableau qu'il nous offre de ces fêtes séculaires. Voici d'abord, pour 1546, une sorte de manifeste — comme nous dirions maintenant — par lequel le Chapitre de Saint-Jean « dénonce à tous bons fidèles le grand et général pardon d'icelle Eglise. » Pièce curieuse à plus d'un titre, qui nous montre l'autorité du Chapitre s'identifiant à celle de l'archevêque et, de plus, un jubilé publié sans aucune intervention de la cour romaine, sans même que le pape y soit nommé. Voilà , certes, qui est bien lyonnais ! L'auteur nous initie par le menu à tous les préparatifs de la fête, nous donnant jusqu'aux noms des citoyens qui, en cette circonstance, prêtèrent leurs tapisseries pour orner la cathédrale. Jadis, nos bonnes maisons lyonnaises possé- daient toutes de ces nobles tentures qu'on exhibait encore aux dernières processions de la Fête-Dieu et qui, restées sans emploi, ont été l'objet de razzias répétées de la part des marchands parisiens. L'affluence des pèlerins fut considérable. Rubys a laissé sur ce sujet une page intéressante que M. l'abbé Sachet reproduit, tout en notant que le brave historien lyonnais a parfois des exagérations de plume et que ses pèlerins nour- ris « de pain trempé qu'on jetait par les fenêtres » semble un fait à ne point admettre sans quelques réserves. H est, cependant, à présumer qu'autrefois les foules, moins façonnées et moins disciplinées que les nôtres,