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20                    LES DEBUTS ORATOIRES

  En terminant, il sera encore plus formel et dans une pro-
sopopée fort belle de mouvement, où il place sur les lèvres
du prélat les motifs de miséricorde à invoquer au tribunal
de Dieu, on entendit les paroles suivantes qui ne man-
quaient pas de fermeté :
   « 11 est vrai, Seigneur, peut-être ne trouverez-vous pas mes œuvres
pleines. Cendre et poussière, je n'entreprends pas de me justifier à vos
yeux. Vous êtes un Dieu jaloux et peut-être que les sollicitudes du
siècle ont un peu trop partagé mon cœur entre la créature et vous.
Vous m'aviez donné un rang d'honneur dans le repos du sanctuaire, et
peut-être y avais-je introduit un reste de tumulte et d'amusement encore
un peu séculier; mais jetez les yeux sur cette vaste église que je laisse
si affligée de ma perte (38). »

   Nous sommes convaincu que le jeune religieux, guidé
par sa délicatesse de conscience et la haute idée qu'il avait
prise de sa mission, estima nécessaires ces restrictions, d'où
la franchise n'exclut pas le respect; il dégage ainsi sa res-
ponsabilité, délivre son âme et rend hommage aux tradi-
tions et aux principes qui ont nourri son éducation clé-
ricale.
   Ne lui en coutât-il pas un peu d'en rester là, de ne pas
appuyer davantage et, comme il le dit, de célébrer un héros
du siècle, en même temps que l'oint du Seigneur? Le soup-
çon n'en viendrait pas, à ne lire que le panégyrique de l'ar-
chevêque de Lyon, et, sauf les allusions que nous avons
citées, rien ne révèle l'effort et l'attention qui retiennent la
plume ou la voix. Mais l'oraison funèbre de Mgr de Villars,
archevêque de Vienne, prononcée six mois plus tard, nous
laissera mieux deviner les vrais sentiments de l'oratorien. Ce


  (38) Idem, pag. 39.