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l8                   LES DÉBUTS ORATOIRES

tiers aujourd'hui sur le règne de Louis XIV, n'avait point
assez respecté la dignité et les œuvres.
    La tâche présentait, cependant, des difficultés de plus
 d'un genre, car à juger le défunt sur les maximes rigou-
reuses et austères de l'Évangile, sur les exemples des temps
apostoliques, avec des mœurs absolument irréprochables,
il avait montré, pour ce qu'on est convenu d'appeler les
plaisirs mondains, les fêtes, les réunions, les chasses, un
penchant persistant et fort, qui avait dépassé les années de
la jeunesse et les prescriptions des règles canoniques.
   Un grave directeur de Séminaire, chargé d'inculquer
aux ecclésiastiques les préceptes trop oubliés de la disci-
pline, se trouvant encore à cet âge où l'expérience n'est
pas venue corriger l'âpreté des principes par la connais-
sance de la faiblesse humaine, pouvait-il se taire complète-
ment'' Le silence eût été peut-être plus conforme à l'art,
mais moins digne de la chaire.
   Aucun des assistants n'ignorait le goût particulier de
Mgr de Villeroy pour son magnifique château de Neuville,
les dépenses et les embellissements qu'il y avait faits, les
fêtes et surtout les chasses qu'il y avait offertes à toute la
noblesse de la province et aux grands personnages de l'Etat.
   Un poète élégant, religieux de la Compagnie de Jésus,
avait chanté, dans la langue des Géorgiques, les merveilles
de cette résidence, les beautés de ses jardins, la limpidité et
l'abondance de ses eaux, les chevaux de ses écuries, les
aboiements de ses meutes, le gibier de ses bois (35). Le


  (35) Jean Bussièi'es. Vimiacum villa ad Lugâunum. Pièce in-40 de
52 pag. imprimée chez Barbier en 1661. Reproduite dans les Misceïla-
nea poelica : Viatori Neovillam invisenti descriptio. Lyon, 1775, in-8°.
Cf. Fortis : Voyage pittoresque, t. II, pag. 286.