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424                  LE PREMIER AMOUR

reçu et me trouvai agréablement surpris quand j'entendis
la mère de ma bien-aimée me dire :

    — Ce matin, Monsieur, ma fille va beaucoup mieux,
après avoir été passablement agitée hier soir, sous l'in-
fluence de l'orage. Vous pouvez entrer. Elle tient à vous
remercier elle-même de l'empressement que vous avez mis
à l'assister au début de cette nouvelle crise.
    Je revis la petite pièce du rez-de-chaussée qui servait de
salon. Jeanne était assise dans le fauteuil où je l'avais aper-
çue la veille. Mais elle était moins pâle et beaucoup plus
calme, et j'ai souvent pensé, depuis, en observant les effets
de l'électricité atmosphérique sur les personnes nerveuses,
que l'excessive chaleur de la journée, qui contenait en
germe l'orage qui suivit, avait été pour quelque chose dans
le fâcheux incident de la veille.
    J'exprimai à Mlle Durand le plaisir que j'éprouvais à la
retrouver dans un état meilleur, présage certain d'une
prompte guérison. Au fond, j'étais horriblement furieux
 contre moi-même de ne trouver que des banalités à dire,
 quand la langue des dieux eux-mêmes me semblait indigne
 de rendre mes sentiments.
    Jeanne me fit un accueil charmant et s'excusa de l'em-
 barras qu'elle m'avait donné par sa cécité subite.
     On parla ensuite de mes projets de voyage, mais Mme Du-
 rand semblait si désireuse d'abréger cette visite, que je ne
 tardai pas à me lever pour partir, en demandant toutefois
 la permission de venir prendre des nouvelles de Jeanne,
 au retour de mon excursion en Auvergne, ce qui me fut
 gracieusement accordé.
     — Adieu, Monsieur, et bon voyage ! me dit Mme Du -
  rand, quand je me dirigeai vers la porte.