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382 RIMES D'ALSACE
III. — RONDEAU.
A GuÉMAR.
Dans ces vieux murs tu fus un noble guide,
O Manicamp, pour nos hardis soudards
Qui reprenaient, d'un effort intrépide,
Le Rhin gaulois aux tudesques Césars.
Tout déconfit, mais narguant les hasards,
Le dur Teuton recommença la noise,
Et Brandebourg, aux mornes étendards,
Se vint remettre, en façon peu courtoise,
Dans ces vieux murs.
De ton audace il neuf pas bon loyer,
Le grand Turenne étant, par occurrence,
Passé par là certain jour de janvier.
Vienne un tel homme, et nous aurons la chance,
S'il plaît à Dieu, que le clairon guerrier,
Réveille au cœur le cher nom de la France,
Dans ces vieux murs (1).
(1) Beaucoup de nos localités alsaciennes conservent encore les restes
de leurs anciennes fortifications. L'histoire éminemment militaire de la
contrée nous explique comment il fallut transformer en citadelle la
moindre bourgade. Durant la guerre de Trente ans et les autres luttes
du xvn= siècle, Suédois, Impériaux ou Français se succédèrent devant
ces places fortifiées. M. de Manicamp, entre autres, manoeuvra long-