Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
356                  SOUVENIRS LYONNAIS

   Tous ceux qui ont visité les galeries de la sculpture fran-
çaise, au Louvre, n'ont pu passer, sans l'admirer, devant
une charmante statue de Giotto, enfant, dessinant un bélier
sur le sable, à l'aide d'un bâton. Cette statue est l'œuvre de
Legendre-Héral, qui a été longtemps professeur de sculpture
et professeur distingué à l'Ecole de Saint-Pierre, à Lyon.
Aucun de ses élèves, — cela dit en passant,— et moi moins
que tout autre, n'a pu oublier avec quelle bonté, quelle
affectueuse sollicitude, il suivait et encourageait chacun de
nos pas dans la carrière artistique.
   Je me rappelle avoir vu, tout émerveillé, cette statue de
Giotto, en terre, dans le cabinet du professeur. M. Le-
gendre l'avait modelée avec amour, avec une attention,
un attrait tout paternels ; il avait, en effet, pour modèle
son fils Charles, un enfant de huit à dix ans : il n'y a donc
rien d'étonnant à ce que le marbre que l'on voit au Louvre
soit le portrait exact et vrai de Charles Legendre, non seu-
lement pour la tète, mais encore pour tout le corps.
  Qu'on nous permette, ici, d'esquisser à grands traits
quelques incidents de la vie aventureuse du fils de notre
maître vénéré.

   Le jeune Charles reçut de bonne heure la plus brillante
éducation ; il parlait plusieurs langues vivantes avec facilité,
l'anglais surtout; à vingt et à vingt-cinq ans, avec le plus
séduisant des visages, il se distinguait et charmait tout le
monde par l'élégance de sa tournure et de ses manières; il
n'est donc pas surprenant que ces aimables et brillants
dehors lui aient vite fait une cour de nombreux amis, trop
nombreux, hélas! pour qu'il ait pu les bien choisir. Charles
ne tarda pas à se voir entraîné par cet entourage, beaucoup
trop mêlé, à de folles et excessives dépenses, que son père,