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DU CONSERVATOIRE 309 l'ouverture de Phèdre, de Massenet. Mais, chose étrange, toutes les recherches de la plus riche instrumentation, toutes les prodigalités de sonorités bruyantes n'ont pu em- pêcher le moderne d'être vaincu par le classique. Mendels- sohn a fait du tort à Massenet. Saint-Saëns a autrement mieux résisté à ces dangereuses comparaisons ; il est vrai que la courte mélodie de Samson et Dalila, délicieusement interprétée par une grande canta- trice, accompagnée à ravir par l'orchestre, est une de ces pages inspirées qui bravent la critique aussi bien que le temps. Il suffisait d'un coup d'œil sur l'auditoire choisi et recueilli de ce premier concert, pour être rassuré sur les manifestations que peut provoquer le nom du grand réno- vateur allemand, Richard Wagner. On a eu le bon goût d'oublier l'homme politique pour ne songer qu'au grand musicien, et l'on a franchement applaudi la marche et le chœur des fiançailles de Lohengrin. Il n'est plus possible, en effet, de feindre d'ignorer des chefs-d'œuvre indiscutés comme Lohengrin, et si nous admettons que nos scènes nationales leur soient encore quelque temps fermées, toujours est-il qu'une éducation musicale ne peut être complète, si on ne connaît pas les pages les plus remarquables de l'œuvre puissante de Wagner. Il fut notre ennemi, sans doute, mais alors quel est le musi- cien allemand, Mozart, Mendelssohn, Weber et même Beethowen, qu'il ne faille proscrire pour cause d'hostilité manifeste à notre pays ! On a adressé, au second Concert, un reproche qui est en même temps un éloge : c'est d'être trop court ! Il est vrai que le nombre des numéros du programme était un peu restreint, mais la symphonie en si bémol de Beethowen,