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182 LES DÉBUTS ORATOIRES sions un peu trop générales, mais assez claires et certaines, aux travaux de prédication que le jeune membre de l'Ora- toire, directeur du grand séminaire, mêlait déjà à son enseignement et à ses fonctions. « Mon talent et mon inclination, avait-il écrit au P. Abel de Sainte-Marthe, général de l'Oratoire, m'éloignent de la chaire, j'ai cru qu'une philosophie ou une théologie me conviendrait mieux (3). » Mais une telle défiance ne partait sans doute que d'un excès de modestie; elle est une preuve que les plus beaux talents s'ignorent ou se méconnaissent, avant de s'être essayés. Elle dura peu du reste : l'obéissance religieuse en triompha; je n'en citerai pour preuve que le début même de l'éloge de l'archevêque de Vienne. « Etais-je destiné, commence Massillon, par un souvenir trop évident à Bossuet pour douter qu'il n'ait pas étudié l'oraison- funèbre d'Henriette d'Angleterre, étais-je destiné à rendre ce der- nier devoir à la mémoire de notre pieux prélat. Contraint tant de fois par sa modestie à supprimer ses lotianges dans la chaire évangélique, fallait-il que je ne fusse autorisé à les pu- blier que par sa mort (4). » Ces prédications, nombreuses selon son propre aveu, lui avaient apporté, avec l'amitié du vénérable vieillard qu'il louait, les premières avances de sa gloire naissante. Sa réputation s'étendit, elle franchit les murs de la petite ville (3) P. Bougarel de l'Oratoire. Mémoires pour servir à l'histoire de plusieurs hommes illustres de Provence. Cette lettre est du 17 août 1689 ; elle fut écrite du collège de Mont- brison où Massillon venait de professer la classe de rethorique pendant l'année scolaire 1688-1689. (4) Oraison funèbre de Mgr de Vilhrs. Edition Biampignon. — Bar- le-Duc 1877. T. III, p. 8.