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              SUR LA FONTAINE DES JACOBINS               IIJ

la commission spéciale. Il fixait l'emplacement de la future
fontaine dans l'axe de la rueGasparin, disait que les quatre
statues d'artistes seraient mises au concours, et que les au-
tres travaux, vu leur nature spéciale, seraient adjugés par
la voie du concours restreint. Il décidait que le service
d'eau, pour remplir le vœu de Danton, s'effectuerait sans
interruption ; enfin, réserve très sage, il demandait, avant
tout commencement de travail, la production d'un modèle
complet de la fontaine, au dixième de sa dimension réelle.
   Tout paraissait donc en bonne voie, lorsque, par deux
pétitions, les marchands de la place, émoustillés par leur
victoire sur la fontaine Vaïsse, remirent toutes choses en
question.
   L'une de ces pétitions s'en prenait à l'emplacement dési-
gné; l'autre demandait l'abandon du projet primé.
   Nous avons sous les yeux cette dernière pétition, qui est
très intéressante maintenant par les renseignements qu'elle
nous donne sur le commerce lyonnais d'il y a cent ans.
Elle est signée par un changeur, une dame restaurateur
(doit-on dire restaurateur ou restauratrice?), une mar-
chande de gants, un quincaillier, un chapelier, un mar-
chand d'étoffes pour ameublement, les directeurs de deux
magasins de nouveautés, un opticien, un marchand de
comestibles, un pharmacien (la pharmacie existe encore),
un horloger, les directeurs d'une grande maison de con-
fection de vêtements pour hommes et enfants, etc.
  Plusieurs de nos lecteurs se demanderont probablement,
en parcourant cette énumération écourtée, comment un si
grand nombre de magasins avaient pu se caser dans un si
petit espace ? Ils doivent, pour résoudre ce problème,*se
rappeler que si les divers métiers n'étaient plus, comme
aux siècles précédents, parqués dans certaines rues, le com-
merce, à l'époque de transition dont nous nous occupons,