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104              ÉTYMOLOGIE DU MOT DOMBES

   Ne serait-il pas naturel de croire qu'au moment de leur
triste séjour dans nos contrées, époque précisée notamment
par la destruction de l'abbaye de Savigny-en-Lyonnais
qu'ils incendièrent en 934 d'après les auteurs de la Gallia
Christiana, en 944 d'après M. A. Vachez (5), les Hongrois,
Huns ou Magyares, n'aient occupé quelques années les pays
qui furent la Bresse et la Dombes, pays où l'on met leurs
ravages sur le compte des Sarrasins, et qu'alors ils aient,
dans leur langue, appelé àombou ces tombeaux qu'ils respec-
tèrent et dont ils se servirent peut-être pour leurs propres
morts. Pour eux, la motte funéraire était la domb, pour le
peuple gaulois la poy : on retint le premier nom et le pays
fut la domb, dénomination francisée la Dombes, mais em-
pruntée à un langage que le vulgaire ignorait.
   Sans doute, car nous voulons prévenir l'objection, on
trouve beaucoup de poypes en Dombes, mais il y en a aussi
en Bresse : mais il faut faire attention à ce fait que « le nom
de Dombes est plus ancien que celui de Bresse (6). »
D'après des arguments tirés d'actes des xn e , xm e et xive siè-
cles (7), la Dombes eut d'abord pour limites la Seille, la
Saône, le Rhône et la rivière d'Ain, c'est-à-dire l'espace
territorial où se rencontre précisément le domb, devenu
nom de pays, la Dombes. Ceci expliquerait encore pourquoi
le mot n'est jamais écrit au singulier la Dombe, mais au
pluriel la Dombes ou les Dombes.
  Nous croyons qu'appuyée sur la découverte de M. A.
Vingtrinier, notre opinion doit être adoptée comme l'éty-
mologie la plus rationnelle de la Dombes (8), que Guiche-

  (5) Le Grand cartulaire d'Ainay, Introduction au tome II, page VIII.
  (6) Guigne, Topogr. historique de l'Ain, p. XXXVIII.
  (7) Guichenon, H ht des Dombes, tome IX, Edit. Guigue.
  (8) La légende de Saint-Trivier, qui vivait vers l'an 600, est le plus
ancien document où le mot Dombes soit cité : pagtis Dumhensis juxta