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328 UN VOYAGEUR ANGLAIS A LYON l'intervalle, j'ai rencontré un terrible et tragique spectacle : dix cadavres pendus tout habillés à un beau gibet de pierre, à un mille de Moulins. Leurs corps étaient réduits à rien ; il n'y avait plus que leurs os et les haillons en lambeaux de leurs vêtements. « J'ai aperçu les Alpes quelques milles après avoir passé Saint-Gérand, et elles étaient visibles quarante milles avant que je ne les aie atteintes. Celles qui séparent l'Allemagne et l'Italie, et celles qui séparent la France et l'Italie ne sont pas les mêmes Alpes; elles sont éloignées l'une de l'autre par une distance de beaucoup de milles. « De Saint-Gérand, je suis parti à cheval, en poste à quatre heures du matin, le second jour de la lune qui était un jeudi, et je suis arrivé le même jour à deux heures, pour dîner à un endroit appelé Saint-Saphorin-de-Lay (x), qui en est éloigné de vingt milles. Sur la route je n'ai rien vu de remarquable. « Je suis parti de Saint-Saphorin-de-Lay à trois heures de l'après-midi et, aux environs de huit heures du soir, je suis arrivé à une petite ville appelée Tarare, qui en en est à sept milles. « Entre Saint-Saphorin et Tarare, j'ai remarqué trois choses. « Presque tous les troupeaux que j'y ai vus, et j'en ai vu beaucoup, étaient d'un noir de charbon. Il y avait une grande quantité de pins sur toutes les montagnes par les- quelles je passais, car tout le pays entre Saint-Saphorin-de- Lay et de Tarare est si montagneux qu'on n'y peut avoir de chemin plat, et, pour arriver à Tarare, ce sont toujours des montées et des descentes continuelles. La troisième (i) Saint-Symphorien-de-Lay (Loire), arrondissement de Roanne.