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                   DEUX MOIS EH ESPAGNE                   ^99

rents des nôtres, prodiguèrent à la noblesse castillane dont
les fortins détruits jonchent les campagnes environnantes ?
   Le lendemain, de grand matin, je prenais le coche, mais
cette fois pour lui faire de joyeux adieux, car il devait le
soir même me déposer à Bayonne. Nous suivîmes une
charmante vallée entre deux tertres couverts de plantations
et de larges habitations de paysans qui paraissaient très
confortables. Plus de ces vastes plaines désolées; nous som-
mes dans les Pyrénées, et leurs pics rougis, poudrés de
neiges se dressent à nos yeux à chaque détour de la route.
    Le Guipuscoa, que nous sommes en train de traverser,
est une des provinces de la race basque, et si son peuple,
qui a encore un air un peu sauvage, en conduisant des
 charrettes, dont les roues sont pleines, et ne sont qu'une
 rondelle de bois dur, percé d'un essieu, il n'en semble pas
moins doué d'une activité extraordinaire, et a de nombreux
 et riches villages au milieu de terres parfaitement cultivées.
    A un détour du chemin, notre équipage tomba au milieu
d'une fête villageoise ; les danseuses en robes de drap
rouge ou jaune, avaient un air très pimpant ; le tambour, le
tambourin, la musette, et les cavaliers en velours non ava-
rié dansaient au son de leurs castagnettes autour de notre
gros coche, qui s'était mis à monter au petit pas pour ré-
pondre à la politesse ; nous voilà donc admis tous à la
fête, car on nous a vu venir de loin, et l'on s'est promis de
nous accompagner jusqu'à la sortie du village. Là, on se fait
de joyeux et tendres adieux. Le majorai, les postillons, une
foule de bérets ignorés jusqu'alors, surgissent pour lancer
des baisers des jointures de la bâche du carrosse; c'est avec
les danseuses un échange de déclarations et de discours les
plus aimables; heureusement que tout cela est dit dans cet
iroquois basque, que le diable, tout malin qu'il est, n'a ja-
mais pu comprendre           Un coup de fouet retentit et on