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298 DEUX MOIS EN ESPAGNE son père; et toutes ces villes que je viens de nommer, qui n'étaient réellement que des citadelles, disparaîtront sous les ronces ou les chênes verts du pays, et ne laisseront que des monticules de pierres mousseuses, à travers les buissons épineux qui s'emparent de la vieille Casiilk. La petite ville de Viitoria où je m'arrêtai après avoir quitté Burgos, n'a guère que la même population que sa voisine; elle se divise en deux parties : l'ancienne ou la haute, perchée sur un coteau à pic au-dessus de l'autre qui est toute espagnole, avec ses cloîtres en arcades, ses églises gothiques devenues casernes ; son clocher dont on jouit d'une si belle vue, et sa cathédrale aux vieilles tombes de ses évêques ; et la ville basse ownouvelle, avec de grandes rues tirées au cordeau, des squares, de belles maisons mo- dernes, de jolis jardins et de vastes routes plantées faisant promenades. Il y a donc opposition complète entre les deux moitiés de la ville ; d'un côté, l'ancien temps, la montagne, la pau- vreté; de l'autre, la plaine, l'élégance et même le luxe. L'oisiveté seule ne voit pas de ligne de démarcation dans cette ville toute de son domaine ; si l'on fume et si l'on dort sur les dalles des cloîtres et les escaliers de la haute ville, on en fait autant sur les pelouses et les coussins de voitures de la basse; la place du Marché seule, le soir, garde un peu plus d'animation ; est-ce un souvenir du vieux temps ? et son hôtel de ville y est-il pour quelque chose ? Ces Forum qui survivent à des villes inanimées, me paraissent une indica- tion précieuse pour l'histoire de cette province, si obscure encore malgré de récentes recherches. N'indiquent-ils pas de petites républiques remontant aux vieilles franchises romaines, dont les Fueros conservent les traces? Et n'ex- pliquent-elles pas l'invincible résistance que trouvèrent les Maures, par suite des secours que ces républicains, si diffé-