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54 DE LA PEINTURE rangement des objets, ni un grand savoir historique, ni un ordre de pensées très élevé, elle n'en a pas moins de sé- vères exigences de dessin, de perspective et partant de couleur. Il faut qu'à la vue de la toile, le spectateur soit complètement illusionné. Ce genre ne manque pas d'ama- teurs et nous avons vu payer assez cher des œuvres signées Chardin, Rousseau, Desgoffe ou Volon. Quelques pein- tres de nos jours y ont montré une véritable supériorité, et rivaux de Chardin, que nous venons de rappeler, ont trouvé, sur sa route, la fortune et les honneurs. On comprend les séductions que ce genre offre à l'ar- tiste. Ici, aucune des difficultés qu'éprouve le peintre de figures ou d'animaux. Ses modèles sont à toute heure sous la main; ils posent dans la perfection,, sans s'agiter, sans s'émouvoir. L'artiste voit de suite son effet général; il est sûr de l'harmonie de son tableau. Draperies, tapis, armes, bijoux, meubles, étoffes chatoyantes l'invitent à prendre sa palette et à reproduire leurs effets charmants qui attirent le regard et flattent si doucement l'imagination. L'art décoratif. — La peinture décorative a fait d'im- menses progrès, à notre époque ; il s'est formé, à Paris, dans l'atelier des Menus-Plaisirs, sous la direction de Phi- latre Cambon, Cicéry et autres maîtres, un grand nom- bre d'artistes d'une réelle valeur, possédant, à un suprême degré, l'habileté de la main, l'esprit de création, la fermeté de la touche, l'accent de la couleur et ayant la connaissance approfondie des effets que doivent produire la lumière et l'éloignement. Pour bien apprécier la magie de la brosse décorative, il suffit de donner, de jour, un coup d'ceil à des peintures de théâtre destinées à être vues le soir à l'éclat des lumières. On éprouve une véritable stupéfaction à la pensée que de pareils barbouillages deviendront, en place et à leur