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460 LES PEINTRES-SCULPTEURS milles, voire même la Dispute du saint Sacrement et l'Ecole d'Athènes, participent des moyens de la statuaire pure. En effet, le Sanzio s'inquiète fort peu de l'effet et de la couleur; son âme candide et pure trouve le beau et le divin dans le calme, l'harmonie des proportions, tandis que Michel-Ange le trouve dans la puissance, le caractère et la terreur. Nous pouvons donc affirmer que le Sanzio est un pein- tre né sculpteur, puisqu'il n'emploie que les plus beaux moyens de la sculpture : la ligne, la forme et les propor- tions. Autre preuve plus palpable encore : Louis David et Ingres sont tout à fait sculpteurs dans le Léonidas, les Sabines, puis dans l'Apothéose d'Homère. Pourrez-vous trouver des plans, de l'effet, de la couleur dans ces magnifiques bas-reliefs si beaux de lignes correctes, mais privés des moyens de la vraie peinture ? non, assuré- ment. Mais vous trouverez les moyens de Phidias dans ses panathénées, c'est-à -dire l'harmonie dans les proportions. Ces peintres nés sculpteurs n'ont oublié que les vrais moyens de la peinture : l'effet, les plans et la couleur. Cette même lacune existe chez feu Gleyre, Hamon et tous les néo-Grecs, ce qui ne nous empêche pas d'admirer les chefs- d'œuvre de ces génies de la grâce pure. Pour aborder le terrain nouveau et volcanisé de l'actua- lité, trouvez-moi des peintres plus peintres que Clésinger et CarpeauxPEn connaissez-vous de plus coloristes que ces sculpteurs, auxquels nous joindrons Préault et Rude pour la Tuerie et la Marseillaise ? Vous ne pouvez nier que ces sculpteurs soient de vrais peintres-coloristes, car ils ont la flamme et la passion de la couleur jusqu'à l'intensité des Géricault et des Delacroix. Notre conclusion évidente sera donc que, dans ces deux arts fraternels, la peinture et la sculpture, les desservants,