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412                  ORIGINES DE LUGDUNUM
aussi grand que Jupiter et Minerve, auquel il est associé
par les actes, il occupe un rang élevé dans la hiérarchie cé-
leste : c'est un dieu très saint, sanctissimus deus (r), mais
dacique et probablement gaulois, [puis introduit dans le
panthéon de Rome, à l'exemple de la plupart des divinités
honorées par les peuples conquis]. Sa nationalité ressort
d'une manière évidente de la nature des actes : Saint Potin,
à l'adoration de qui les préteurs s'avisent de le proposer, a
reçu le jour dans Apulum, ville des Daces (2). La Dacie
était en partie Celtique. D'après Strabon, les Gaulois et
les Germains y dominaient, de même qu'en Mésie et en
Pannonie, sur une population d'origine Thrace (3). Ainsi
amalgamés, ces trois peuples ont eu plusieurs divinités
communes. Outre Arphus que je leur attribue, on leur
 connaît la déesse Sirona (4).
   Cet Arphus ou Gwyddon a pour royaume le ciel empyrée,
c'est-à-dire la voie lactée. Celle-ci même s'appelle en cym-
nirique catr Gwydion « la ville de Gwyddion (5) ; c'est là
qu'il guide les âmes héroïques et pures, les âmes dignes de
jouir de sa présence. L'empyrée est aussi, nous venons de
le dire, l'habitation des Harpyes; mais l'attribution spé-
ciale du ciel cosmogonique au dieu gaulois est surtout di-
gne d'attention : elle sert à expliquer la fable de Phinée
transporté par les Harpyes dans les régions inexplorées des
Galactophages. Les progrès de la géographie furent très
lents parmi les Hellènes. Quand ce peuple ami des fables


    ( 1) « Ignoras Jovem et Arpham et Minervam esse sanclissimos deos »
(id., ibid., p. 762).
   (2) Id., ibid., in not., 753.
   (3) Oêograph., 1. vu, c. 3, § 2.
   (4) Orelli, n os 2001, 2048, 5919. — Jouannet, Statist. de la Gironde,
t.1, p. 241.
   (5) Owen, Welsh diction. V° Gwydion.