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ENCORE LE LAC TRITON 393 cure; on doit croire, cependant, d'après la condition du problème, qu'il s'agit de la température de notre climat par- ticulier et d'un état des saisons conforme à ce qui existe actuellement. Or, dans ce sens, la nouvelle théorie ne se soutient pas mieux que la première. J'en conviens, comme me l'a fait entendre sur tous les tons M. Pélagaud, je suis un ignorant en géologie, en météorologie et en bien d'autres choses encore; je n'en sais absolument que ce que tout honnête homme doit savoir, c'est-à -dire juste assez pour lire et comprendre ce qui s'écrit sur ces matières, et préci- cisément je comprends que la théorie qui vient d'être ex- posée n'est pas satisfaisante, du moins suivant les termes dans lesquels elle est exprimée, d'autant mieux que M. Pé- lagaud s'autorise d'un axiome physique que l'expérience ne justifie pas : « Supposez, ajoute-t-il, un climat très froid, il « y neigera fort peu.... » Cela est-il bien certain? J'ap- prends en effet, d'après le témoignage des explorateurs, qu'au pôle nord (M. Pélagaud y est-il allé ?), qu'au pôle nord où il fait, dit-on, très froid, où les montagnes sont médiocrement élevées, il tombe néanmoins de la neige en abondance, et il y règne des tourmentes de neige qui du- rent jusqu'à plusieurs semaines. Le système préconisé par M, Pélagaud n'est donc pas admissible dans les termes où il l'énonce. En réalité, cette théorie doit, pour être comprise, être exprimée ainsi : « Les glaciers sont dus, moins à la température générale « d'un climat donné qu'à la température relative de ce « même climat, par rapport aux climats plus chauds qui « Pavoisinent. Il suffit d'admettre que des vents tièdes et « humides, venant d'un climat chaud, se trouvent brusque- nt ment en contact avec une température non pas glaciale, « mais assez froide seulement pour transformer en neige la « surabondance de vapeur d'eau que contiennent les vents « humides dont nous avons supposé l'existence. »