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380               A PROPOS DES DANICHEFF
quitter le monde pour se faire religieux, afin qu'Anna
puisse épouser le maître Wladimir.
   Inutile de dire combien cette pièce est superbe; tout
Lyon le sait et l'admire. Les décors ont une couleur locale
ou exotique bien prononcée. Le château de la comtesse
Danicheff;— la petite chaumière d'Anna, un nid gracieux,
que trouble pourtant le souvenir d'un premier et seul
amour ; — le salon de quelques élégantes russes, où jase un
sémillant Français, attaché d'ambassade, qui sème les ma-
drigaux en riant, tout cela est rendu d'une manière char-
mante, et, dans le lointain, il est ravissant d'apercevoir des
montagnes de glace, un fleuve congelé, un ciel pâle, vrai
ciel de Russie.
   Tout le drame, l'action scénique ou l'ornementation,
tout est d'une poésie grandiose. Mais dans cette pièce si
mouvementée, nous avons vu, avec étonnement, un simple
rôle rempli par une grande actrice, d'un sympathique ta-
lent, M1Ie Masson.
   Et de fait, l'on avait tout lieu de s'étonner, car l'émi-
nente artiste avait eu, dans cette belle ville, le plus brillant
succès, lorqu'elle vint remplacer Mme Rose Chéri, une autre
femme distinguée à tous égards. Mlle Masson excellait alors
dans les ingénuités, et l'on admirait sa supériorité évidente,
comme on l'admire encore; mais M. Duquesnel, directeur
de l'Odéon, est bien réellement coupable de ne confier que
des rôles relativement minimes à cette spirituelle actrice.
Elle fait valoir jusqu'aux moindres mots, relève avec jus-
tesse les traits saillants, a beaucoup de naturel et de grâce,
choses bien appréciées, mais malheureusement trop rares à
notre époque; en un mot, elle est toute Française. Aux
charmes du talent, elle joint les qualités du cœur, car nous
savons que le ministre de la guerre et de la marine l'a dé-
corée de la croix de bronze de l'ambulance, offerte aux