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30é                CHRONIQUE THEATRALE
 le second chante ou plutôt ils chantent tous deux, mais
 chacun sur une corde différente de l'instrument céleste.
    Tel est, croyons-nous, la véritable explication du prestige
  qu'exercent sur nous les œuvres de Meyerbeer et qui prouve
 amplement qu'en dépit de nos contemporains novateurs
 qui veulent réduire cet art aux simples fonctions d'une
 science identique à l'algèbre,— il n'y a pas de musique sans
 sentiment et partant sans inspiration. — Dans toutes les
 productions nouvelles qui naissent si vite et qui meurent
 si bien, à commencer par certains opéras d'Ambroise
 Thomas et pour finir par ceux de Massenet et de Saint-
 Saëns, la sauce est excellente, mais il n'y a point de poisson.
    Aussi, dans notre ville où le goût est sain, délicat même,
 et où l'amour du beau est, pour quelques-uns, comme un
 culte, le théâtre de Meyerbeer compte de fervents et de sin-
 cères adorateurs. Que si certains boudent Robert et le Pro-
phète et s'abstiennent, c'est moins par indifférence du Martre
 que pour échapper à l'ennui, à la peine (car c'en est une),
 de voir déchirer en lambeaux des poèmes de cette valeur.
 C'est en effet le privilège ou l'inconvénient des grandes œu-
 vres de ne pouvoir supporter, à moins de paraître froides
et monotones, une interprétation même médiocre et à plus
 forte raison mauvaise.
    Ces circonstances si défavorables pour ces dernières, si
fâcheuses pour nous et avec lesquelles il fallait compter de-
puis longtemps à Lyon, grâce à l'intelligente direction de
M. Marck, n'existeront plus cette année. La troupe de grand
opéra qui n'attend plus pour être complète que l'arrivée de
la chanteuse falcon, M1Ic Baux, de l'Opéra, s'il vous plaît,
que plusieurs Lyonnais connaissent déjà, est non pas rela-
tivement, mais absolument excellente. Plus heureux que
M. Vaucorbeil qui est condamné, pour le moment, à conju-
guer au futur le fameux verbe qu'Archimède, dans son en-