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                    DEUX MOIS EN ESPAGNE                     265

lieu, elle doit rappeler jusqu'à un certain point les person-
nages qu'elle y représente.
    Le premier bas-relief nous montre l'entrée du jardin de
l'Alhambra.Un cardinal sur une mule caparaçonnée d'or, la
reine Isabelle, avec la même coiffure en résille, qu'elle a
dans les grandes statues d'elle qui sont dans l'église, son
époux, le roi Ferdinand, armé de toutes pièces, viennent y
recevoir les clefs de la ville ; ils sont suivis de chevaliers, de
dames à cheval, et d'une forêt de hallebardes; tout est joie
dans cette partie du tableau ; on vient recueillir le fruit de
mille combats, et réaliser ce rêve de tant de générations
chrétiennes.
    De l'autre côté, estBoabdil, le calife vaincu; son écuyer,
costume exact des Arabes de nos jours, tient à côté de lui
son coursier, et son bouclier portant un gland rouge en
passementerie, probablement les armes de Grenade à cette
époque ? Le malheureux souverain a l'air éperdu ; il tient à
la main cette clef qu'il faut enfin remettre, et derrière lui
se voient ces grands arbres dont j'ai parlé et toutes ces for-
tifications de la citadelle, d'où sort sans armes l'armée vain-
cue qui a remplacé, par le fez égyptien, des casques deve-
nus inutiles.
    Les deux autres ont moins d'intérêt et montrent les
conséquences de la victoire ; dans l'un on baptise force
musulmans, et dans l'autre ce sont les captives que le clergé
se plaît à asperger d'eau bénite ; à la terreur avec laquelle
l'une d'elles repousse le pan de son vêtement, sans doute
atteint par l'eau sacrée; aux soins que les autres ont de s'en-
velopper dans leurs voiles, on voit bien que ces conversions
sont loin d'être volontaires; leur coiffure se compose
d'une toque carrée d'où s'échappe un voile; le costume,
sauf quelques écharpes de couleur, est blanc, et me semble
conforme à celui que portent les femmes turques de notre