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CHRONIQUE THÉÂTRALE 253
très, s'enchaînent ou bien ne s'enchaînent pas, etdesquelles
jaillissent les situations les plus inattendues et les plus
écheveiées, le rire le plus discret devient malgré lui batail-
leur — il faut qu'il sorte, qu'il éclate — il est irrésistible.
On ne peut pas dire ce qui séduit, ce qui attire dans cette
pièce, c'est tout et rien. Les qualités qui la distinguent ne
sont pas susceptibles d'être analysées; — son mérite est
peut-être de n'en point avoir. C'est gai, c'est vif, jeune,
joyeux, alerte, ingénieux, rapide,— on ne s'ennuie pas, on
rit, voilà . — Et c'est si bon que de rire quelquefois.
Aussi bien, cette comédie a réussi au-delà de toutes les
espérances de celles du directeur et même du public.
M. Didier, avec le rôle de Blondeau, soutient à lui seul
toute la pièce, pardon, toute la maison. Il a pris au sérieux
les nobles devoirs de son nouvel emploi. Il est propriétaire
partout, aussi bien au Ier étage, où il fait une mauvaise
rencontre, celle d'un ancien compagnon du rasoir, — car
M. Blondeau a fait un peu de tous les métiers avant de
trouver le bon, — qu'au 4e étage, où il trompe sa femme
- ce qui rentre parfaitement dans le programme de ses nou-
—
velles occupations. Ici il trouve, sans le chercher, un duel
qu'il n'accepte pas, bien entendu; —là , un soufflet que
l'huissier Bonperier, un de ses locataires, reçoit à sa place ;
et c'est pour le mieux. Ajoutons enfin, que M. Didier a
rencontré dans ce pauvre homme une de ses meilleures
créations et s'y est montré excellent artiste, plus et mieux
que jamais. MM. Fort, Gaultheil, Nigri, Thomasse, Walter
qui est en progrès, et MMmes Leroy, Verteuil, Barbie,
Lenaers et Julia Play ont contribué aussi, pour une bonne
part, au succès de cette charmante bouffonnerie, qui sera
durable et, nous n'en doutons pas, fructueux.
FÉLIX DESVERNAY,