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L'INTERMÉDIAIRE LYONNAIS 225 des notes manuscrites communiquées au P. Ménestrier par un religieux de ce couvent. Comme le fait remarquer M. de Valous, il y était dit simplement que la Reine fit, non pas détruire ce mausolée, qui était de marbre blanc, mais sim- plement enlever l'épitaphe, les armoiries et les couronnes dont étaient coiffés les lions servant de supports. Mais des Pazzi pas un mot. Evidemment le P. de Colonia, cherchant une explication à cette vengeance de la reine, a songé immédiatement à la fameuse conjuration de 1478; mais en cela il a été très mal servi par son érudition. En effet (qu'on me permette d'ajouter un argument en faveur de l'opinion émise par notre savant confrère), Marie de Médicis ne devait guère éprouver de ressentiment ni de colère contre les auteurs de la conjuration,car elle était à peine parente des victimes. Elle descendait à la 6e génération d'un grand oncle, du Lau- rent de Médicis qui échappa au fer des conjurés. De plus,il faut ajouter que la reine n'avait pas connu les descendants de ce dernier, et n'aurait pu s'inspirer auprès d'eux de la haine dont on l'a supposée animée contre le nom des Pazzi. Mais s'il est vrai que ceux-ci ne furent pour rien dans cet incident, il ne faudrait pas cependant jnier le fait lui- même. A l'époque où la tradition fut recueillie, à peine deux générations s'étaient écoulées depuis le moment où l'événement qu'elle rapportait venait de se produire. Les mutilations du tombeau, qui n'étaient pas une destruction brutale, avaient un caractère trop particulièrement restreint pour n'avoir pas été le résultat d'une intention toute spé- ciale et conforme à l'explication qu'on en donnait. Ne se- rait-il pas possible que ce tombeau fût celui d'une famille ayant pris part à la conjuration dont triompha Cosme de Médicis, grand-père de la Reine ? 13