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LECTURES A LA SORBONNE I43 Pays-Bas, au Danemark, à la Suède et à la Norwège, don- nons des palmes sans réserve, car elles sont bien méritées. Toutefois, disons de suite qu'une impardonnable faute de lèse-art a été commise envers toutes les nations, que le particularisme divise et empêche de progresser. — Cette faute la voici : Il fallait que le jury international triât tous les chefs- d'œuvre des tempéraments congénères dans tous les genres et dans toutes les écoles, pour les exposer dans un vaste salon d'honneur, par exemple dans le malencontreux mo- nument de la ville de Paris qui a sabré cette belle expo- sition. Au moyen de cette lutte corps à corps, on aurait vu réellement si Makart est plus fort et a plus d'effet que B. Constant et Becker. On aurait vu si M. Roll, qui est dans la grande voie, aurait pu vaincre les maîtres à effet de l'Espagne. On aurait vu si MM. Verhuert, Wilhems, Pasini, etc., auraient pu battre les Gérome et les Meisson- nier; car je mets au défi de juger la peinture par le souve- nir. La mémoire n'est possible et indispensable que pour l'art d'acoustique et de méditation de l'âme : la musique ! Mais la peinture n'arrive à l'âme, au cœur et à l'esprit que par l'organe de la vue, et on ne peut bien la juger que par comparaison etimpression spontanée des œuvres en présence et en lutte. Cette faute a été d'autant plus regrettable pour l'art, en général, que cette grande exposition n'a pu pro- fiter ni aux artistes, ni aux chercheurs et aux observateurs sérieux. La plastique et l'esthétique ont perdu beaucoup. Je suis persuadé que la France eût vu par cette indispensa- ble comparaison, combien elle fait fausse route avec une certaine peinture incolore et sans effet. Mais pour conclure, la faute de lèse-progrès, faute irré- prochable, c'est qu'on a évité le rapprochement et la fu- sion des peuples par l'art, ce doux vainqueur, ce saint Jean