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LECTURES A LA SORBONNE 13.9 RUSSIE La Russie, au contraire, est en pleine sève et promet de nouveaux talents dans tous les genres. L'histoire s'y affirme vigoureusement par la philosophie la plus élevée. C'est du Juvénal et du Tacite qui bout dans l'âme de M. Siemiradski ; car ses Torches vivantes sont l'œuvre capitale de la vigou- reuse école Russe. S'il y avait moins d'éparpilîement, moins de diffusion, cette œuvre considérable pourrait lutter avec avantage, et du reste elle peut d'ores et déjà entrer en ligne avec les Makar, Benjamin Constant, Roll, Becker, etc. Ce beau drame est composé et dessiné de main de maître il n'y manque qu'un foyer de lumière et un effet. La verve emporte ce peintre doué d'une vigueur, d'une in- dignation juvénalesque tout près du génie. — M. Siemi- radski a un pinceau dramatique des plus robustes ; en étu- diant Prudhon, Géricault et Gros, voire même Delacroix et surtout les Vénitiens, cet artiste est appelé à illustrer l'école Russe et à lui réserver une des premières places dans la hiérarchie de l'art universel. Le Naufragé mendiant et la Coupe ou la femme montrent la souplesse de ce maître érudit, probablement élève de Gérome ou de Boulanger, car la forme et le dessin de M. Siemiradski rappellent un peu ces maîtres. La grande peinture exige une forme plus large. Toute l'école Russe offre une riche moyenne de ta- lents faits dans tous les genres : histoire, genre, natura- lisme, marine et natures mortes. Elle a de grandes affinités avec les écoles Danoise et Hollandaise ; et de plus que ces dernières, elle se préoccupe vivement du grand art. Nous pouvons la noter parmi les plus vaillantes du grand con- cours.