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ou L'ÉCOLE DES PAYSANS 113 sans doute un malfaiteur étranger, car tout le monde dans le hameau aimait Capitoline, et personne n'aurait été ca- pable de lui faire du mal. On se perdait en conjectures. On rapporta à la maison les tristes restes de l'animal chéri. Pierre aperçut Jean, et, sans avoir aucun soupçon qu'il pût être l'auteur du meurtre, il lui dit : — « Saurais-tu, Jean, qui a tué notre pauvre Capito- line? Ah! si je tenais le misérable qui nous cause un si cruel chagrin, je le punirais de la manière la plus terrible, — « Mon père, dit Jean, punissez-moi donc. C'est moi. Je n'ai jamais menti, je ne veux pas mentir. Punissez-moi, je le mérite. » — « Bien, mon enfant', s'écria Pierre. Bien répondu! La vérité vaut mieux encore cent fois que le bon animal que nous pleurons. Embrasse-moi, et continue à être vrai, tu feras l'honneur de notre famille et du village de Beaure- gard. » Et il l'embrassa avec effusion. A partir de cette scène, Jean fut complètement corrigé. Le chagrin qu'il eut de son action, de la peine si grave faite à ses parents, la force d'âme qu'avait montrée Pierre en refoulant sa propre douleur et en pardonnant en faveur de la vérité, firent une impression profonde sur ce jeune cœur, et il devint désormais le plus doux et le plus aimable des enfants. De temps en temps, Pierre et sa femme réunissaient les autres enfants du hameau aux leurs, pour leur prodiguer les mêmes soins. Les adultes se rendaient aux écoles du soir. Ceux qui étaient trop âgés pour se mettre sur les bancs venaient du moins causer avec Pierre et s'éclairer près de lui : tantôt il leur expliquait ou leur lisait des choses concernant les inventions et les améliorations agricoles ; tantôt c'était une 8