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CHRONIQUE THÉÂTRALE Ouvrons notre chronique par une bonne nouvelle. M. Emile Augier nous rend enfin son répertoire, qu'il avait cru devoir interdire, à la suite de différends qui s'étaient éle- vés entre lui et la direction précédente (direction Gros- Maurel) et que nous n'avons pas à apprécier ici. Voici la lettre qui lève l'interdiction. Comme elle nous parait si- gnificative et donne une sanction précieuse à tout le bien que nous avons dit et que nous pensons de M. Marck, comme artiste et comme administrateur, nous nous faisons un devoir de la reproduire in extenso. Croissy, par Chatou (Seine-et-Oise), 3 juillet. MON CHER MONSIEUR MARCK, « Brindeau a dû vous dire combien je suis enchanté d'avoir affaire à vous, et, s'il vous l'a dit dans les termes mêmes dont je me suis servi, votre modestie seule en a pu souffrir. « Je regrette seulement que votre nouvelle situation vous empêche de prêter l'appui de votre talent d'acteur aux pièces que vous montez •, mais je ne doute pas que l'acteur transparaisse sous le directeur et ne donne une bonne impulsion artistique à ses pensionnaires. « Quand j'aurai une pièce nouvelle, je vous la confierai en toute sécurité. « Agréez, cher Monsieur Marck, l'expression de mes sentiments les plus distingués et les plus sympathiques. » Ajoutons que cette faveur ne pouvait être sollicitée et obtenue que par celui qui a compris enfin et fait compren- dre au public (ce qui n'était pas le plus facile de l'affaire) que le Théâtre des Célestins n'est pas seulement un café- concert, une sorte de casino, ou bien un établissement de- banque institué uniquement pour payer tous les ans une rente viagère fabuleuse à MM. Lecocq, Planquette, Offen- back et Cie, comme l'avait imaginé naïvement, pour ne rien dire autre, M. Aimé Gros ; mais que c'est avant tout et par-dessus tout la maison de Molière, de Racine, de