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                  ou L'ÉCOLE DES PAYSANS                    41
   Après la célébration, on rentra chez moi, comme dans
l'asile commun de la famille. Point de ces coups de fusil,
de ces pétards, de ces tirs à l'oie ou au pigeon, de ces ni-
ches ridicules aux mariés, dont on accompagne trop sou-
vent les noces dans les campagnes"; j'avais depuis long-
temps proscrit de mon hameau ces stupidités.
   Point non plus de ces gros banquets où les mets sura-
bondants et les vins versés à flots sont l'image d'un désor-
dre qu'il faut éviter avant tout dans le ménage qui va se
former. Il suffit d'un repas frugal, mais gai, d'où l'on bannit
toute chanson bachique, toute plaisanterie grossière et of-
fensante pour la pudeur.
   Dans ce mariage, mes inspirations furent parfaitement
suivies : c'est dans ma salle à manger qu'eut lieu le déjeu-
ner des amis, peu nombreux d'ailleurs. Le vénérable curé
prit place à côté de Mme Richemont et de moi dans cette
cordiale réunion, où j'avais invité aussi le maire de la com-
mune, honnête paysan qui avait le bon goût de n'être pas
enorgueilli de son titre, et le digne docteur de la Chapelle,
ce modèle des médecins de campagne, avec qui j'étais resté
en relations suivies.
   Le brave père Joly et sa femme, leur fils aîné et leurs
petits enfants rayonnaient de plaisir dans le voisinage des
jeunes époux et des excellents André, qui avaient mis
entre eux deux le berceau de leur petit Jean, comme un
témoin touchant des péripéties survenues pendant cette
année extraordinaire.
   Mon Charles, bien entendu, fut aussi du banquet, et,
d'un pas déjà rapide, il allait tour-à-tour embrasser tous les
membres de l'assemblée.
   Nous adressâmes à ces jeunes gens nos vœux et nos
espérances, sans avoir toujours le verre en main pour ex-
primer nos toasts, car boire à la santé des gens, en nuisant