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28 LECTURES A LA. SORBONNE fournissent un enseignement saisissant pour l'imagination et la mémoire. Et chose providentielle, gage certain de l'u- nion prochaine des peuples, toutes les passions de l'huma- nité, représentées par la brosse et le ciseau, ont le privi- lège d'offrir un langage imagé et unitaire qui a le même sens pour tous, et que comprennent, de la même manière, les peuples les plus divisés d'idiomes. Autre effet logique du degré d'ètiage de culture ou d'ins- truction de ces mêmes peuples, l'intelligence et l'âme des masses ne sont accessibles qu'aux choses positives, aux dra- mes de la nature et à celui des passions des hommes. D'où l'on peut conclure à priori que les plus grands peintres et sculpteurs, et tous les artistes sont ceux qui traitent les grands drames de la nature et de l'humanité, les naufrages, les inondations, les fléaux de la peste, de la guerre inter- nationale ou civile et toutes les catastrophes humaines pas- sionnant naturellement les plus intéressés à tous les degrés. Au contraire, les intelligences cultivées des savants, des poètes, des lettrés, des érudits et des archéologues ne se complaisent que dans les abstractions de la philosophie, du spiritualisme, des mythes religieux, et dans les fouilles et vestiges des mondes éteints. Jamais fait plus vrai n'a pu être mieux constaté qu'en la présence assidue de ceux qui, pendant six mois, ont pu voir et entendre des milliers d'in- dividus de toutes nations exprimer leurs réflexions sur les diverses oeuvres d'art exposées. Et même, disons-le à re- gret, quelque attrait qu'offre à tous la beauté de l'art, ce doux vainqueur ne présente souvent qu'ennui et lassitude pour les masses étrangères à son enseignement, car, chose pénible à constater encore, on pouvait entendre souvent dire, surtout aux Français : « Ah ! mon Dieu ! encore de la « peinture! Toujours de la peinture! Allons-donc aux machines ! »