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470                       CHRONIQUE LOCALE
supérieur des missionnaires des Chartreux; MM. Pater, supérieur des
chapelains de Fourvière, Vettard et Raspilaire, chanoines d'honneur,
assistaient à cette cérémonie, aussi solennelle que touchante.

   — Il est de malheureux palmipèdes qui comme les grèbes, les sar-
celles et les canards, s'enorgueillissent d'avoir des plumes ; qui, à peine
sortis de leur coquille, s'écrient : « Je suis oiseau, voyez mes ailes! »
et aussitôt se plongent dans tous les marécages et les bourbiers d'où ils
ne sortiront de leur vie.
    Nombre de nos artistes en font autant; ils agitent leurs pinceaux en
disant : « Je suis peintre ! » et aussitôt ils se plongent dans le réalisme,
appelant la trivialité : naturalisme et n'ayant non-seulement aucun dé-
sir mais même aucune idée des hauts sommets, des grands voyages,
des vastes horizons et des espaces où s'élancent les hirondelles, les fré-
gates et les aigles.
    C'est vers ces infinis que tendait Florentin Servait, le peintre paysa-
giste que Lyon vient de perdre. La force put lui manquer, peut-être ; il
n'eut pas toujours la main pour exécuter ce que rêvait sa pensée, mais
 il tendit toujours à s'élever, et il ne descendit jamais jusqu'à ces niveaux
écœurants si à la mode aujourd'hui. Jamais il ne peignit un gendarme
 à la porte d'un cabaret, une brasserie, avec ses tables et ses chopes, un
 individu culotant une pipe, ou un maladroit s'asseyant sur une boîte à
 couleur. Trahi par sa vue, il quitta la peinture avant d'avoir donné ce
  qu'il promettait; mais s'il n'est resté que peintre estimable, il a laissé la
 réputation d'un homme charitable, au cœur élevé, à l'esprit fier, et
 au total bon à imiter par la jeunesse, sauf à celle-ci à faire mieux,
 si elle peut.
    — La Revue du Lyonnais était à moitié tirée quand a paru le premier
 numéro d'une nouvelle publication pleine de brio et d'entrain. La Vie
 lyonnaise, journal de littérature, sciences, beaux arts, théâtres et sport,
 est rédigée par toutes les jeunes plumes de la ville. Déjà nous allions la
 féliciter et lui souhaiter la bienvenue, quand nous avons vu que ce pre-
 mier numéro si coquet, contenait le sonnet inédit que M1^ Adèle Sou-
 chier nous avait envoyé le mois passé pour la Revue. Nous avouons que
 notre désappointement a été grand. Quelle que soit notre affection pour
 notre poète Soulary, quelle que soit notre admiration pour la muse
 valentinoise, nous regrettons de ne pas avoir su plus tôt que ce plat
 délicat devait paraître sur une autre table ; nous ne l'aurions pas offert
, à nos lecteurs.                                             A. V.