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                         VIEUX AUTOGRAPHES                              461
 teries même, et elle avait ses entrées partout,aussi bien que
 l'ennui a les siennes aujourd'hui. Les personnages les plus
 graves, constitués en dignité, payaient eux aussi un large
 tribut à la joie, et plus d'un, comme Boileau, se laissa eni-
vrer par quelque Chapelle au milieu de sermons improvi-
sés, j'imagine, sur la tempérance.
    Que si la littérature un peu larmoyante de l'époque lui
imposait par instant quelque arrêt, la chanson, chanson
galante, chanson de table, chanson satyrique, avec Béran-
ger, Désaugiers, Musset, Pierre Dupont, suffisait pour en
rétablir le cours généreux —- et comme du temps de Rabe-
lais, de Saint-Amand, de Théophile, des Goinfres, de
Régnier, de Molière, de Boileau, de Racine, de Lafon-
taine, de Piron, de Collé, de Crébillon fils, la gaieté
trouvait des accents d'une telle richesse, d'une folie si vive
qu'elle s'élevait, ainsi que la tristesse et les longues mélan-
colies, jusqu'à la poésie, et, bon gré mal gré, entraînait et
s'imposait à l'admiration de tous.
    Aussi les Lyonnais de l'époque qui nous occupe n'eurent-
ils garde de se soustraire à cette impérieuse nécessité dont
nous parlions, autant pour se ressaisir et se retremper que
pour répondre à l'entraînement irrésistible de la belle insou-
ciance française. Dans ce but, ils avaient formé une société
dite des Intelllligences, baptisée plus tard du sobriquet
plus jovial des Bonnets de coton (1). Là, dans des réu-
nions périodiques qui se tenaient tantôt au pavillon


   (1) Voici, d'après M. Rousset lui-même, l'origine de ce nom :
   L'acteur Brindeau (des Français) récitait des vers devant ses amis,
les intelllligents, dans le restaurant de la mère Brigousse, aux Charpen-
nes.
   C'était en hiver, il faisait un froid à faire éclore les ours blancs dont
parle Murger. Quelqu'un demanda alors un bonnet de coton. Il en fut