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ALBERT ALBRIER 439 selle ne lui ait pas suggéré l'idée de briguer un siège au Conseil général ou au Conseil d'arrondissement; le jeune savant, tout entier à ses chères études, n'écoutait pas les conseils perfides de l'ambition. Il avait été sollicité à plu- sieurs reprises d'accepter les fonctions de maire; mais il avait préféré, laissant les honneurs à d'autres, ne garder pour lui que le fardeau des affaires, dont il ne refusa jamais de partager la charge avec le magistrat de sa commune. Ses conseils précieux, par ses connaissances du droit admi- nistratif, son influence personnelle et celle de ses nom- breux amis : il mettait tout au service de la chose publi- que. Son concours était acquis à toutes les œuvres grandes et utiles. Chargé de la surveillance des écoles primaires de son canton, il s'acquittait de cette tâche avec un zèle éclairé et une générosité qui trouve peu d'imitateurs. Si maintenant nous voulons percer le voile de la vie pri- vée, et envisager M. Albrier dans l'intimité de la famille, au milieu du cercle de ses amis, ou mieux encore au foyer du pauvre, nous découvrirons 'en lui des qualités bien au- trement précieuses que celles que nous venons d'énumé- rer. Jamais on ne vit fils plus soumis, plus respectueux et plus aimant pour sa mère ; en vain on chercherait ailleurs une affection filiale semblable à celle qui débordait du coeur de M. Albrier. Il y avait dans ce sentiment une fleur de délicatesse et un raffinement inexprimables. Ce serait vouloir le profaner que de chercher à l'analyser. Mais aussi quelle bonne et tendre mère et combien elle est digne de sympathie dans sa profonde douleur! Peu d'hommes, croyons-nous, eurent autant d'amis que le jeune érudit que nous regrettons. Il n'est point ici ques- tion de ces amis d'un jour ou d'une heure, que le plaisir ou l'intérêt réunit et que le plus léger accident sépare, mais