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430                     POLEYMIF.UX

des eaux qui autrefois présida à la distribution des cultures
sur les flancs du Thou, et en même temps c'est avec
chagrin que nous voyons combien on tend aujourd'hui à
s'éloigner de ces exemples d'une sage agriculture. Partout
où la vigne peut se planter on déboise : la vigne rapporte
plus et plus vite que le bois, c'est vrai, mais on oublie
trop, malheureusement, qu'en détruisant la végétation
forestière qui couvre les sommets on enlève à la contrée
une cause puissante d'humidité et que cette humidité est
tout aussi nécessaire à la salubrité des vignobles et par
conséquent à leur prospérité qu'elle est indispensable au
rendement des prés et au bon état du reste des champs.
   Nous continuons de monter et un nouveau lacet de la
route nous met en face d'un grand contrefort du Narcel
qui allonge entre nous et le Mont-Thou, sa crête rocheuse
et couverte de bois. Nous revoyons alors ces grands bou-
quets de pins du bel effet desquels nous avions été charmés
en les apercevant de la croix du Mont-Thou. Ces pins sont
noirs comme, en général à l'époque de l'année où nous
sommes, toutes les essences à feuilles persistantes qui af-
fectent une teinte plus sombre qu'à tout autre moment. Au
dessous des roches dont le calcaire est troué, déchiqueté et
effrité par la pluie, descendent des prés bien verts qui se
terminent au bord d'un ruisseau trop profondément en-
caissé pour que nous puissions le distinguer, mais le bruit
de ses eaux en montant jusqu'à nous trahit suffisamment sa
présence.
    De ce côté-ci du ravin est une jolie maison, une manière
de petit castel dont le caractère primitif, sous prétexte
d'embellissements, a été légèrement altéré, mais dont la belle
terrasse, qui permet à des parterres de s'étendre devant sa
façade principale est revêtue de vieux lierres dont les ra-
meaux chargés de fruits se balancent au-dessus des pentes